J'ai acheté un TRS-80 level I en 1978
━que j'ai toujours━,
un ordinateur avec :
- un Z80 cadencé à 1.77 MHz (enfin, avant que je commence à souder dedans)
- 16k de RAM (mazette !)
- un écran de 16 lignes de 64 caractères, soit 128x48 pixels
- un lecteur de cassettes pour le stockage de masse (qui portait bien son nom,
mais pour le poids, pas pour la quantité de données stockées)
L'Apple était trop cher pour moi, et le PET n'avait que 8k de RAM, et
je le connaissais déjà car on en avait un au lycée Saint-Louis.
A part des programmes un poil rustique en Basic, j'ai programmé
en langage machine un Pacman, et c'était super-pénible car le stockage
de masse était un magnétophone à cassette, et je ne pouvais pas avoir
à la fois le code source et le compilé dans la mémoire de 16k.
Il fallait donc créer l'exécutable sur une cassette,
puis charger la cassette,
se rendre compte que ça plantait,
deviner ce qui pouvait se passer (pas de debugger, évidemment),
et recommencer du début = rebooter puis recharger
le compilateur puis le code source d'une autre cassette... Sans oublier de
sauvegarder.
Des jeux, j'en avais quelques-un, mais bon, il n'y a pas tant d'options:
- Soit on a directement un exécutable : on lit la cassette (c'est long, mais
on n'a que 16k de RAM, alors ça ne peut pas être très long).
- Soit on a un listing papier, et donc c'est forcément du Basic: il faut se taper
la saisie des lignes de code manuellement, ne pas oublier de sauvegarder, puis on peut
alors lancer le programme (et corriger les erreurs de saisie, forcément).
- Une fois qu'on a le source du programme Basic sur cassette, il suffit de lire
la cassette et de lancer l'exécution, c'est de l'interprété, et donc ça se traine
en exécution.
Pour couronner le tout, pas d'imprimante (donc grattage du code sur papier avec un crayon),
et évidemment pas de capture d'écran, ou alors avec un appareil photo (et le développement
puis tirage qui va avec, que je n'avais pas pour des raisons financières, un Polaroid,
c'était cher, surtout le papier photo).
Et pour rappel, pas d'Internet à l'époque = difficile de savoir ce qui se passe à l'étranger,
et encore moins d'obtenir des programmes...
Un avantage tout de même: copier une cassette audio, c'est trop simple... et donc dupliquer
des programmes, c'était relativement facile. Et impossible à empêcher (il fallait donc
être plus malin, genre demander un code secret). Il existait même à l'époque
une radio (libre) qui diffusait des programmes qu'on enregistrait sur son
magnétophone à cassette, enfin, quand ça marchait...
Voici les jeux que j'ai retrouvés, la plupart du temps ce sont des photocopies
d'articles de journaux (l'Ordinateur Individuel, où j'ai publié Hector) :
- Master Mind
- Sargon II, un jeu d'échec (qu'on écrase facilement, vu la faible puissance de la machine)
- Awalé (L'Ordinateur Individuel, décembre 82)
- Testez vos facultés parapsychologiques (Micro-Systèmes Mars-avril 1982). En fait, des statistiques.
- Le tiercé (Micro-Systèmes Janvier-Février 1980)
- Meurtre au manoir, en fait un Cluedo (L'Ordinateur Individuel Décembre 1981)
- Simulateur de vol (L'Ordinateur Individuel Janvier-Février 1982)
- Indianapolis (Micro-Systèmes Janvier-Février 1982)
- Madball (Micro-Systèmes Novembre-Décembre 1982)
En langage machine, alors la saisie manuelle... il fallait traverser
une zone encombrée d'objets flottants, sans les toucher.
- Faux-Fuyants (L'Ordinateur Individuel Novembre 1981)
- Martiens go home (Micro-Systèmes Mars-Avril 1982) Une sorte de Space Invaders.
- Maze & SuperMaze (80 US, 80 Microcomp june 1981)
- Dancing Demon
- Black Jack
- Backgammon
Sargon II
Meurtre au manoir (publié dans L'Ordinateur Individuel).
Simulateur de vol (publié dans L'Ordinateur Individuel).
Indianapolis (publié dans Micro-Systèmes).
Et avec un bruit de claquettes !
J'ai donc fini par faire quelques jeux directement en langage machine :
- Un Pacman, enfin, très rustique car j'ai une résolution trop faible
et en noir et blanc, et j'utilise la mémoire d'écran pour le jeu, pas
question d'utiliser un tableau quelconque pour indiquer la position des
murs ! Je lis directement dans la mémoire d'écran.
- Un jeu de la vie